lundi 6 octobre 2014

Le théâtre indépendant, un monde en crise

Article écrit pour le journal La Cité en octobre 2012 sur la situation du théâtre indépendant en Suisse romande. Deux ans plus tard, après la dernière rencontre avec les arts de la scène organisée à Genève, le 29 septembre 2014, les propos tenus dans l'article gardent toute leur pertinence. 

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lundi 25 août 2014

Toi et ta machine

Très bref texte de commande écrit d'après une photo en lien avec les travaux du CEVA pour le numéro 2 de l'Autruche, Journal de la Comédie de Genève, en avril 2013.


mercredi 21 mai 2014

Alice B. a disparu ou Meyrin, matière à écrire

Le 10 mai 2014, au Forum Meyrin, le Collectif Nous sommes vivants présentait Alice B. a disparu ou Meyrin, matière à écrire. Soit la chronique de la disparition d'une adolescente Alice B. à travers cinq moments au cours d'une même journée, cinq moments pouvant être une explication possible à sa disparition. Chacun des cinq auteurs du Collectif a pris en charge l'écriture d'un de ces moments. Voici le mien.

Je ne la connais pas
Je ne l’ai jamais vu
Une fille qui s’appellerait Alice, je m’en souviendrais
Peut-être qu’elle lui ressemble
Peut-être que c’est son sosie ou un truc du genre
Paraît que nous avons tous un ou plusieurs sosies dans le monde
C’est prouvé
C’est mon père qui me l’a dit
Mon père, depuis cinq ans qu’il est sans travail, il a le temps de lire
Toujours fourré à la bibliothèque du Forum Meyrin
Au premier étage où il y a les livres de sociologie
Enfin tous ces trucs qui se terminent en i
Ou au rez-de-chaussée
          Au rayon actualités
Vous savez à côté de la machine à café
Même que ma mère, elle ne trouve pas ça normal
          Cherche du travail au lieu de toujours lire
Mais mon père, il ne peut pas chercher toute la journée
Il deviendrait dingue
Si on te dit non en permanence, toi, tu finis par te sentir un moins que rien
         Un rebut d’humanité
Alors tu as des envies de meurtre
Buter quelqu’un pour te sentir exister
Mon père, il ne tuerait personne
Mon père, c’est un gentil
C’est pour ça qu’il lit autant
Moi, honnêtement, ça n’a jamais été trop mon truc les livres
Ce n’est pas que je n’aime pas lire
Mais je préfère le côté live
Mon père, par exemple, il a toujours les mots justes pour expliquer
Ce n’est pas comme certains de mes profs
Il y en a, tu ne sais pas pourquoi ils ont choisi ce métier
Encore plus blasé que moi quand je fais un exposé
Mon père, lui, quand il te parle, il a tout le corps qui vibre
Sans oublier ses yeux qui brillent
Après mon père, c’est quand même un vieux
Quand je le croise au centre commercial, je fais comme si je ne le voyais pas
Un geste de la main
Parfois deux ou trois mots
Ma mère aussi, c’est quelqu’un
Elle doit être forte quelque part vu qu’elle a réussi à m’élever
Aujourd’hui ça va
A un moment dans la vie, faut arrêter de déconner
Sinon ça finit mal Toujours ça finit mal
Les histoires de gangsters qui se terminent bien, c’est dans les films
Ma mère, elle n’a pas peur de m’engueuler
On discute mais il y a des règles
Parce que ça te donne une assise
Un truc pour avancer
Les parents, ça doit être ça, des sortes de guides
Si tes guides ne sont pas bons, tu dois te débrouiller seul comme mon copain Karim
Mais s’ils sont ok, tu as plus de chances d’avancer droit dans la vie
Je ne vous dirai pas son nom
Elle m’a fait promettre
Moi, je tiens toujours mes promesses
Je ne suis pas du genre à me répandre sur facebook
Pourquoi ça serait bizarre ?
Il n’y a rien qui me l’interdit
J’ai le droit de me promener où je veux
Ce n’est pas réservé aux vieux avec leurs chiens
Vous croyez quoi ?
Que tous les jeunes passent leurs journées à Meyrin Centre à mater ?
Un centre commercial de pauvres avec des rêves de pauvres, voilà ce que c’est
Dosenbach, Vogele, Yendi, Coop, Denner, Migros, Boucherie chevaline, C&A, Christ, Zebra, Interdiscount, Ochsner sport, 5 à sec, Cats & dogs, Mister Minit 
Ça vous fait rêver ?
J’ai vu cette exposition dans le hall du Forum Meyrin
Là où il y a la fontaine avec l’immense verrière Je ne sais plus quand c’était
Un truc incroyable
Les mecs, ils ont prévu de construire une petite ville entre Meyrin centre et Meyrin village
Une ville dans la ville
Avec plein de bâtiments avec des formes étranges
Rien de commun avec l’immeuble où j’habite de l’avenue Vaudagne
Chez nous, au 31, c’est tout carré
Sans imagination
Là, ça s’appelle des coopératives
Et puis ce sont des trucs super écologiques
Minergie, c’est le nom
Honnêtement je ne sais pas trop ce que ça veut dire
Mais c’est quelque chose de bien pour la planète
Des bâtiments avec des espaces communs
Des endroits pour se retrouver
          Faire la fête
Je le sais parce que dans l’exposition, il y avait des bandes dessinées qui expliquaient tout ça
J’avais le temps de les lire vu que j’attendais mon père qui était à la bibliothèque
Le truc qui m’a le plus marqué, c’est que les immeubles ne sont pas encore construits et pourtant les rues qui les relient ont déjà des noms
C’est comme dans cette ville du Brésil dont m’a parlé mon père
Il y a cet architecte, Oscar Niemeyer, je crois, qui a pensé tout ça
Et maintenant cette ville, c’est la capitale du Brésil
À Meyrin, bien sûr, ce n’est pas pareil
Il y a des rues en hommage au cinéma
La rue des Arpenteurs
La promenade de la Dentellière
Ou encore l’allée des Petites fugues
Je vous dis ça
Mais moi, je n’y connais rien aux vieux films
Surtout que si j’ai bien compris, ce sont des vieux films suisses
Ça passe à Balexert les films suisses ?
Sinon il y a d’autres rues, c’est parce qu’il y a le CERN à côté
L’allée de la Science
L’allée de l’Innovation
Moi, j’aimerais bien visiter le CERN
Ça doit être quelque chose
À la Golette, il y a des élèves dont les parents travaillent au CERN
Que des têtes
Je parle des parents
Ce n’est pas parce que ton père ou ta mère sont super intelligents que tu l’es aussi
Ça serait trop facile
Moi, en tout cas, je trouve ça incroyable cette histoire d’éco-quartier
 L’autre jour, je me suis arrêté avec cette fille
Pour voir où en étaient les travaux
Elle, je crois qu’elle s’en foutait des Vergers
Mais elle a fait comme si c’était super passionnant
Je ne sais pas si vous avez remarqué
Des fois, tu parles pendant des heures sans rien dire d’intéressant
Ce n’est pas Alice la fille qui était avec moi
Pourquoi ça aurait été elle ?
C’est quoi vos preuves ?
Personne ne peut vous avoir dit ça
Peut-être que je sais qui c’est
Peut-être que je serais capable de la reconnaître si je la voyais
Mais on ne s’est jamais parlé
Je vous jure
Ou une fois
Rien qu’une fois
C’est comme si ça ne comptait pas Je sais qu’elle a disparu
Pas la peine de crier
Moi, je n’y suis pour rien
Je vous jure que je n’y suis pour rien
Je l’aurais tué et fait tomber dans une coulée de béton ?
Vous regardez trop de films américains
C’est Meyrin ici
Pas Los Angeles
Faudrait arrêter de vous pourrir l’imaginaire
Je ne vous ai pas menti
J’ai simplement arrangé la réalité
Maintenant que vous savez que j’étais avec elle, vous pensez au pire
Vous ne pouvez pas vous en empêcher
C’est pour ça que je préférais me taire
Faut savoir se préserver
Maintenant que je n’ai pas réussi à me taire
Maintenant que j’ai rompu ma promesse, tout va me retomber dessus
Mais moi, je n’ai rien fait
J’ai seulement menti un peu
Et honnêtement, mentir un peu, ce n’est pas si grave
Mentir un peu, ça ne vous mène pas en prison
Sinon tout le monde y serait déjà
Dites
Normalement j’ai droit à un avocat
Ou appeler mes parents, j’ai droit
Parce que ça commence à faire longtemps que je vous parle et j’ai comme l’impression que ça va encore durer longtemps
Vous avez une piste ?
Vous pouvez me dire, je ne répèterai pas
Moi, honnêtement, parce que maintenant je peux vous dire toute la vérité, Alice, je ne la connaissais pas vraiment
À la Golette, je voyais qui c’était
Mais ça n’a jamais été une copine
Là, c’est elle qui est venue me parler
Même que ça m’a étonné
Une fille comme elle, ça ne gatte pas les cours
Ça arrive à l’heure et ça repart à l’heure
Ça ne fait pas de vagues
Là, elle m’a pris par la main et m’a demandé si elle pouvait marcher avec moi
Moi, je n’aime pas trop qu’on me touche quand je ne connais pas
Mais comme elle est jolie, j’ai accepté
Alors nous avons commencé à marcher
Et moi, je ne savais pas trop quoi dire et elle, elle ne disait rien non plus
C’est là que je lui ai demandé si elle voulait voir un truc
Comme elle m’a dit oui, je l’ai emmené aux Vergers
De toute façon, c’est ce que j’avais prévu
C’est pour ça que j’avais gatté les cours
          Pour ça et aussi pour éviter une interro de math
Aux Vergers, pour l’instant, il n’y a rien
Enfin presque rien
Des monticules de terre, de sable, de cailloux
Des pissenlits
De la mauvaise herbe
De la terre retournée
Des arbres par endroits
Et quelques engins de chantier avec les travailleurs qui vont avec
Mais c’est tellement démesuré
Tellement imposant
La nuit, c’est encore mieux
Se faufiler à l’intérieur du chantier Echapper aux rondes de l’entreprise de sécurité
Arpenter les routes asphaltées et pleines de poussière
Fumer une cigarette contre les baraquements des employées
La journée, suivant d’où tu regardes, il ne se passe rien
Faut être patient
Varier les points de vue
Devant l’hôpital de la tour
Derrière le centre sportif
A côté de la patinoire
Derrière chez moi
Avec Alice, on a fait tout le tour
Nous avons dû commencer vers 9h15
Nous nous sommes arrêtés sur les bancs à côté du centre sportif
Là où il y a les barbecues
Moi, je n’ai pas arrêté de parler
Alice, elle n’a pas dû prononcer plus de deux ou trois phrases
Moi, je lui ai sorti toute ma science
Comme si ça pouvait l’intéresser un truc pareil
Et puis quand nous avons fini le tour
Quand on retournait vers Meyrin Centre, elle m’a dit
          Il faut que je parte
Et puis elle a ajouté
          Merci
Après elle m’a embrassé sur la joue gauche
Juste ici
C’était agréable comme sensation
Elle avait les lèvres toutes douces et chaudes
C’est comme ça qu’elle est partie
Elle ne s’est même pas retournée
Moi, je n’ai pas osé la suivre
Je crois qu’elle s’est dirigée vers le garage Meyrina
Vous savez celui de la rue de Livron
C’est la dernière fois que je l’ai vu
Je vous jure que c’est la vérité

lundi 12 mai 2014

La soirée des manifestes

Le 2 mai, dans le cadre du Festival du Jamais lu, à Montréal, plusieurs collectifs d'auteurs issus de toute la francophonie se sont réunis, dont le collectif suisse Nous sommes vivants. Pour préparer cette soirée exceptionnelle, nous avons tous dû répondre à des questions. Voici trois de ces questions ainsi que mes réponses.
Note : Les deux premières réponses n'ont pas été retenues dans le montage final qui devait laisser la place aux mots de 16 auteurs vivants !
Décrivez-moi concrètement d’où vous écrivez. Votre bureau, le café, la pièce, la maison, la rue où vous vous mettez au travail des mots. L’atmosphère dans laquelle vous êtes. Est-ce la bonne pour écrire ? La vraie, la poétique, la politique. 

Il n’y a pas de bonne manière d’écrire
Il y a celle qui juste pour soi
Celle qui nous correspond véritablement
Celle qui nous permet de trouver le souffle intime du monde au sein de notre corps
A chacun ses besoins
A chacun ses nécessités
Moi, je me suis aperçu que j’ai besoin d’être hors du monde pour être au plus prêt de lui
J’ai besoin de me retirer dans un endroit sans wifi
Sans sollicitation en tout genre
Un endroit qui me permet de retrouver le gout des mots
De mes propres mots
Pas des mots entendus, rapportés par le flot médiatique
Des mots dont je peux soupeser le poids
Apprécier les formes
Écouter les sonorités
Alors si vous tenez vraiment à savoir quel est le meilleur endroit pour écrire
Enfin le meilleur endroit selon moi pour écrire
Je vous dirais que c’est à Chandolin
Un petit village des Alpes suisses, dans le canton du Valais, à 2000 mètres d’altitude
Dans un appartement au confort spartiate
Sans connexion internet
Un endroit où ma seule alternative à l’écriture, c’est la marche en forêt
Un endroit où je passe facilement plusieurs jours sans parler à personne si ce n’est à la serveuse du bar où je prends mon café et à la caissière du petit supermarché où je fais mes courses
Un endroit où l’air est encore pur et les mots plus légers

Quels enfants littéraires souhaitez-vous mettre au monde ? 

Des enfants qui m’apprennent à vivre
Des enfants qui me donnent les moyens de comprendre le monde qui m’entoure
Qui décalent mon regard
Qui remettent en jeu mes certitudes
Qui me posent des questions
Des enfants qui me surprennent
 Qui sachent grandir en mon absence
 Oui, des enfants qui n’aient pas besoin de moi pour être pleinement au monde
Qui réussissent à tuer le père pour appartenir à toutes et à tous
Des enfants qui s’insèrent dans une histoire
Qui savent ce qu’ils doivent au passé comme ce qu’ils portent de promesses pour le futur
Mais je ne sais pas si je suis capable d’avoir ces enfants-là
 Car parfois
Oui, parfois je doute même d’être un auteur
Alors pour l’instant, je me contente d’essayer
Et on verra bien
Oui, on verra bien ce que deviendront mes enfants
Mes enfants faits de mots difficilement choisis et de tant de rêves inaboutis

Le Québec, la terre d’accueil de cette soirée, évoque-t-elle quelque chose de précis pour vous? Quelle image en avez-vous? Quelle résonnance ou absence a-t-elle dans l’Histoire de votre pays. 

Quand on me dit Québec, je pense à la phrase du Général de Gaulle du 24 juillet 1967
Je pense à cette fille rencontrée en 1996 sur un ferry entre deux iles grecques, à son sourire, aux premiers mots que nous avons échangé et ma difficulté à la comprendre alors que nous étions censés parler la même langue
Je pense à cet autre voyageur québécois croisé à la frontière entre la Bulgarie et la Roumanie. A tout le chemin que nous avons parcouru ensemble. A nos discussions sans fin sur la nourriture. A nos engueulades sur la qualité des fromages français
Et bien sûr, je pense à Céline Dion, oui, à Céline Dion, à ses deux jumeaux, Eddy et Nelson, et à son cher mari René
Je pense aussi au film Polytechnique de Denis Villeneuve
Je pense à Pierre Baillot, au très bel humain Pierre Baillot, qui jouait dans Celle-là de Daniel Danis, mis en scène par Alain Françon
Et surtout je pense à mon fils, au moment où j’ai appris que j’allais être père, dans le sous-sol d’une maison, de la banlieue de Québec. Au moment où nous l’avons annoncé pour la première fois à des amis, à Montréal, au cours d’une fête dans le quartier de Rosemont. Oui, pour moi, c’est surtout ça le Québec, le visage de mon fils, l’impression d’être enfin devenu un adulte

jeudi 13 février 2014

1981

Extrait inédit de "Mon corps dans la bataille" qui sera présenté dans la deuxième quinzaine de mars 2014 en Limousin (FR) dans le cadre du Festival Nouvelles Zébrures.

En 1981, tu as sept ans
Tu n’es pas un poète comme Rimbaud
Des sept premières années de ta vie, tu ne conserves aucun souvenir véritable
Seules quelques images, de lointaines lueurs, se sont imprimées dans ton cortex cérébral
Des souvenirs recomposés
          Fabriqués à partir d’histoires racontées par tes proches
Des souvenirs dont tu restes incapable de déterminer la part de vérité
Des souvenirs que tu observes avec méfiance
          Que tu as toi-même manipulés au gré de tes nécessités
Pour te donner la sensation d’exister
          Avoir une vie
En 1981, François Mitterrand est élu à la présidence de la République Française
En 1981, Georges Brassens et Bob Marley décèdent des suites d’un cancer généralisé
En 1981, l’ancien acteur de seconde zone, Ronald Reagan est président des États-Unis
Avec Margaret Thatcher, il incarne le capitalisme triomphant
          Ce qu’on appelle encore timidement néolibéralisme
En 1981, le monde ne va plus si bien
Tes parents se séparent
C’est fini
Définitivement fini
          Un mariage de plus à la casse
En 1981, tu as sept ans et pourtant
          Oui, pourtant tu es loin de l’âge de raison
En 1981, tu n’aimes ni Georges Brassens, ni Bob Marley que ta mère t’imposera pendant toute ton enfance
Tu préfères de loin Village People
          Ou encore Boney M.
Le 10 mai 1981, selon la légende maternelle, tu aurais dit
           Maman, ton président a été élu
Oui, ce sont les mots exacts que tu aurais prononcés
          Ton président a été élu
Pauvre enfant qui ne pouvait pas savoir
          Qui ne pouvait pas comprendre
          À quel point les idéaux qui avaient fondé le socialisme de Jaurès seraient piétinés
          À quel point cette année 1981, passé son trop bref moment d’euphorie, marquerait le début de la fin pour la gauche dite socialiste
Deux ans plus tard, ce serait le tournant de la rigueur
Ce serait l’instrumentalisation des banlieues
La récupération de la marche des beurs en un inoffensif Touche pas à mon pote
Bientôt ce serait l’ascension du Front national
          Favorisé par un François Mitterrand cherchant à contrer la droite traditionnelle
          À empêcher Jacques Chirac, son rival, d’accéder au pouvoir
Toi, en 1981, tu es l’enfant de ceux qui ont perdu
         Qui ont été oublié
         À qui on a nié toute possibilité d’existence
Tu es l’enfant de ceux qui ont cru en des promesses trop vite trahies
En 1981, tu as sept ans et pourtant tu commences à peine à vivre